Vers de nouvelles cartographies formelles
Créée en 1998 à Bruxelles, la Compagnie Wooshing Machine est un lieu d’inventions où s’agencent des territoires de création multiples.
Composée d’un collectif d’artistes réuni autour du chorégraphe Mauro Paccagnella, Wooshing Machine s’appréhende où s’esquissent les interstices ; à cet endroit précis où peuvent s’entrecroiser et dialoguer des réalités artistiques diverses et hétérogènes.
Laboratoire d’expérimentation à la fois scénique et plastique, empruntant au théâtre, aux arts visuels et à la création musicale, le travail de la compagnie réinvente une grammaire chorégraphique et théâtrale au sein de laquelle la danse et le geste dansé s’inscrivent dans une pratique à la fois hybride et audacieuse.
Wooshing Machine se présente comme un espace de recherche où chaque corps, chaque individu, dans son expression singulière devient partie intégrante d’un vocabulaire polymorphe qui explore de nouvelles cartographies formelles. Celles-ci se donnent alors à voir par la présence de processus de création perméables où la pluralité des thématiques et des formes engagées par les divers artistes de la compagnie démontre d’un redéploiement constant du langage scénique et visuel. Ici, le corps, la mémoire et l’identité se déclinent toujours dans des dimensions foisonnantes qui dépassent toutes normes et catégories et se conjuguent au-delà de toute détermination préétablie.
Ces œuvres, performances, installations, courts-métrages ou spectacles se jouent de toute hiérarchie de signes pour s’inscrire dans une rencontre immédiate avec le public.
Penser le territoire à la rencontre des publics
Grâce à une esthétique de l’humour et de l’autodérision, le travail de Wooshing Machine propose une expérience sensible où la singularité de chacun des participants est indissociable de la rencontre de l’autre.
Les différentes recherches de la compagnie tentent en effet de réinvestir le politique et l’être ensemble en faisant de l’acte artistique un espace où se rejoignent nos fragilités enfouies ou avouées.
Elles composent avec une pensée du territoire, à la fois local et global, qui fonde sa spécificité dans une compréhension des individus qui l’habitent et le transforment. Une pensée du contexte comme résultat d’une conscience et d’une pratique culturelle partagée.
Accordant une place prépondérante au public et au lieu dans lequel il s’inscrit, Wooshing Machine élabore dès lors des projets qui déplacent les limites du questionnement relatif à la démocratisation de l’art.
Les projets de Wooshing Machine (…) invite[nt] chaque participant à se sentir véritablement engagé.
Le rire, compris comme acte de distanciation, devient alors le prisme par lequel le public entre en relation, presque intime, avec les artistes en représentation.
Mauro Paccagnella
& Wooshing Machine
“Revenons au corps, corps matière, corps mémoire, corps sensible, au delà des slogans et des conflits, au delà des idolâtries ou des tendances, sans concessions.”
Mauro Paccagnella
Danseur et chorégraphe, personnage vibrant et atypique, Mauro Paccagnella est à l’origine de cette généalogie multiple que propose de partager la Compagnie Wooshing Machine.
Porteur d’une utopie où les arts seraient amenés à se redéfinir en une synthèse joyeuse et généreuse, il est ce point de jonction où se rencontrent, le temps et l’espace d’une création, l’ineffable et le banal, l’invraisemblable et l’ordinaire.
Son travail s’ouvre tel une béance en constante métamorphose. Il laisse affleurer des appartenances relatives, parfois limite, loin de toutes formes approuvées. Les corps qu’il rencontre sont les vecteurs premiers d’histoires tout autant quelconques que spectaculaires où se côtoient engagements, trébuchements, virtuosités, nausées, abcès, ennuis, enivrements, chutes, insomnies, burn out, divorces, vomis…
Observateur attentif des contextes et penseur du dehors, Mauro Paccagnella se fait avec habilité l’arpège des désirs à géométries variables qui bruissent autour de la compagnie. Sa fonction, toute particulière, est dès lors celle de mettre à jour les nombreuses stratifications de sens générées par les artistes qui l’accompagnent. De rendre visible l’unité du dire dans la différence. Sans cesse à la recherche d’expériences nouvelles où la forme, qu’elle soit dramatique, chorégraphique ou plastique frôle la rupture, Mauro imagine et nous donne à penser d’autres possibles.