Ré-enchanter / réinventer

Dans l’un de ses textes, le philosophe Paul Ricoeur évoquait comment la mesure d’un évènement peut se mesurer à « sa puissance d’ébranlement infinie ». La pandémie a sans aucun doute été l’un de ces moments qui nous a confrontés de plein fouet à la rupture. Une rupture au regard de nos modes d’action, de notre quotidien, de nos habitudes d’être ensemble, ou même à soi. Cet épisode fait dorénavant partie d’un récit à la fois individuel et collectif au cours duquel fiction et réalité se sont confondus au sein d’un étrange imaginaire dystopique. La crise s’est appropriée nos corps, immobilisés et figés par la suspension des liens. Elle a fait d’eux des êtres dociles, distillant notre spontanéité aux mouvements et nos expériences du vivre ensemble.

Dans ce contexte particulier, Wooshing Machine a laissé peu à peu apparaître des formes et des questions nouvelles : un nouvel espace-temps pour réfléchir l’acte de création. Un acte de résistance qui laisserait place, non pas une reprise aveugle, mais aux possibles d’une corporéité (re)partagée, encore un peu fragile, mais authentiquement présente. Sortir de l’engourdissement. Ré-enchanter et réinventer le monde par une esthétique de l’attention portée simultanément à l’autre et à soi.

Wendy T. Lieberman