The Golden Gala

CREATION A L’OEUVRE
Fascination
A travers les spectacles de Paccagnella, se dégage une fascination pour le héros, mais un héros «qui est aussi tout petit», précise-t-il. «Soit on accepte ce qu’on est, soit on a le désir d’être autre. Et derrière ce désir, il y a la question du pouvoir (ce que Wagner incarne). Il y a quatre ans, j’ai vécu une situation en Allemagne où je me suis laissé entraîner contre mon gré à un repas par un homme qui a réussi à m’imposer sa volonté. La nuit suivante, j’ai eu une apparition. J’ai vu «Siegfried»: l’homme parfait, sans peur ni faiblesse. Pour moi, Siegfried, c’est le nom d’un héros typique, qui a le pouvoir et qui est con. Or, tous les héros finissent par accéder au pouvoir. En cela, ils suscitent chez nous une projection/aspiration. Cet appel, c’est un peu toucher à l’arbre du bien et du mal, une quête de l’immortalité (et, derrière, la question: que restera-t-il de nous au moment de la mort?). Réfléchir à notre fascination pour les héros, poursuit-il, c’est interroger nos rêves d’enfance, rechercher nos points de références perdus. Pourquoi les perd-t-on? Y-a-t-il de l’amertume dans le constat de cette perte? Dans The Golden Gala, Siegfried est malade, démuni. Brunhilde est burlesque. Et pourtant, la fascination perdure. Comme à Bayreuth. Comme dans le cinéma américain».
Cédric Juliens – NDD (Extrait)